La distinction entre obligation d’information et obligation de conseil

Le courtier et ses obligations

Présentation de l’obligation de conseil et de l’obligation d’information

Dans le domaine de l’assurance, il est crucial de comprendre la distinction entre l’obligation d’information et l’obligation de conseil, car ces deux obligations, bien que complémentaires, n’impliquent pas les mêmes responsabilités pour le courtier.

Cette distinction est souvent mal comprise par les assurés, mais elle joue un rôle déterminant dans la protection de leurs droits et la prise de décisions éclairées lors de la souscription d’un contrat d’assurance.

L’obligation d’information est une obligation de base, qui s’applique à tous les intermédiaires d’assurance. Conformément à l’article L. 521-4 du Code des assurances, le courtier doit fournir des informations claires, exactes et non trompeuses sur le contenu des produits d’assurance qu’il propose. Ces informations incluent des éléments factuels, comme le montant des primes, les garanties offertes, les exclusions de garantie, les franchises, la durée du contrat, et les modalités de résiliation. L’objectif de l’obligation d’information est de permettre à l’assuré de connaître et de comprendre les caractéristiques essentielles du contrat qu’il envisage de souscrire. Cependant, cette obligation ne suppose pas nécessairement que le courtier adapte ces informations aux besoins spécifiques de l’assuré. Il s’agit essentiellement d’une transmission d’informations objectives et neutres sur les produits d’assurance disponibles.

En revanche, l’obligation de conseil est plus exigeante et impose au courtier une approche personnalisée vis-à-vis de son client. L’obligation de conseil repose sur une analyse des besoins et de la situation particulière de l’assuré. Cela signifie que le courtier ne peut pas se contenter de fournir des informations génériques ; il doit interroger son client, comprendre sa situation personnelle et professionnelle, et lui recommander le produit le plus adapté. Cette analyse inclut, par exemple, la prise en compte des risques auxquels l’assuré est exposé, de ses objectifs de couverture, et de ses capacités financières pour évaluer les solutions les plus appropriées. Cette distinction a été soulignée à plusieurs reprises par la jurisprudence, notamment dans l’arrêt Cass. civ. 1re, 12 juillet 2005, n°03-14.913, où la Cour de cassation a précisé que l’obligation de conseil implique de proposer un contrat d’assurance qui corresponde aux besoins particuliers de l’assuré, et non de se limiter à la simple fourniture d’informations sur un produit.

En pratique, quelles différences entre ces deux obligations ?

Concrètement, un courtier qui manque à son obligation d’information aura failli à son devoir de transparence, ce qui peut priver l’assuré de la possibilité de comprendre les implications de son contrat. Par exemple, si le courtier ne précise pas les exclusions de garantie présentes dans un contrat, l’assuré peut découvrir après un sinistre que celui-ci n’est pas couvert, ce qui aurait pu être évité par une information complète et précise dès la souscription. À ce titre, la jurisprudence a jugé que la simple remise de documents contractuels ne suffit pas à remplir l’obligation d’information si l’assuré ne comprend pas les enjeux de son contrat. Le courtier doit s’assurer que l’assuré a bien reçu et compris ces informations.

L’obligation de conseil, quant à elle, va plus loin. Le manquement à cette obligation peut se traduire par un défaut d’adéquation entre le contrat souscrit et les besoins réels de l’assuré. Dans l’affaire Cass. civ. 2e, 20 octobre 2016, n°15-20.111, la Cour de cassation a condamné un courtier pour avoir conseillé à son client un contrat qui ne répondait pas aux attentes spécifiques de celui-ci. L’assuré avait souscrit un contrat d’assurance sans se rendre compte que certaines exclusions spécifiques limitaient considérablement sa couverture pour un risque auquel il était particulièrement exposé. La Cour a rappelé que le courtier ne peut se contenter de fournir des informations générales sur un produit : il doit adapter ses conseils et veiller à ce que le contrat proposé soit en adéquation avec la situation de l’assuré.

Et en cas de litige, 

Cette distinction prend toute son importance en cas de litige. Si l’assuré estime que son courtier a manqué à son devoir, il devra démontrer si le manquement concerne l’obligation d’information ou l’obligation de conseil. Le manquement à l’obligation d’information sera souvent lié à une incompréhension ou à une information incomplète, alors que le manquement à l’obligation de conseil portera davantage sur la pertinence du produit proposé par rapport aux besoins de l’assuré. Dans ce dernier cas, le courtier peut voir sa responsabilité engagée pour défaut de conseil et être contraint de réparer les dommages subis par l’assuré, notamment si celui-ci se retrouve insuffisamment couvert en cas de sinistre.

En matière d’assurance, la Directive Distribution d’Assurances (DDA), transposée en droit français, a contribué à renforcer l’obligation de conseil. Elle impose aux courtiers de formaliser par écrit les raisons pour lesquelles ils ont recommandé tel ou tel produit à leurs clients, ce qui permet d’encadrer de manière plus stricte le respect de cette obligation. En effet, la DDA prévoit que les intermédiaires doivent documenter les conseils fournis, en expliquant pourquoi le produit recommandé est adapté aux besoins et aux attentes de l’assuré. Cela implique une personnalisation accrue du conseil et limite les risques de litige liés à une mauvaise adéquation du contrat avec les besoins réels de l’assuré.

Ainsi, il est crucial pour les assurés de comprendre cette distinction entre l’obligation d’information et l’obligation de conseil, car leurs droits et les responsabilités du courtier varient en fonction de l’obligation en cause. La jurisprudence montre que les tribunaux sont de plus en plus exigeants envers les courtiers, en particulier concernant l’obligation de conseil, car celle-ci implique une personnalisation et une prise en compte spécifique des besoins de l’assuré. En cas de manquement à ces obligations, l’assuré dispose de recours juridiques pour engager la responsabilité du courtier et obtenir réparation pour les préjudices subis.

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